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Frédéric Prigent
18 novembre 2017

Le puzzle façon PS

On connaît le célèbre réplique de Bernard Blier-Raoul dans les Tontons Flingueurs (et si on ne la connaît pas, il convient de voir ce classique en urgence): Contrairement au malheureux Raoul Volfoni, l’opération dynamitage dont a été victime le Parti socialiste a été, elle, une réussite à peu près complète. Toute la nuance est évidemment dans cet à peu près. Le dynamitage du Parti socialiste a été le fait de nombreux acteurs, à commencer par les socialistes eux-mêmes. Comme un grand bloc de calcaire fissuré par l’érosion, il s’est fragmenté, effondré, dispersé. D’autres sont venus, à des titres divers, concourir à l’affaire, à commencer bien entendu par l’entreprise politique En marche! Je dis bien «l’entreprise politique En Marche!» — entreprise étant pris ici au sens neutre —, et non le seul Emmanuel Macron. Le président de la République, s’il est le personnage central sur la scène publique n’en est pas le personnage unique, de même que la France insoumise, malgré une forte identification à son leader Jean-Luc Mélenchon, ne se limite pas à celui-ci. Si Laurent Wauquiez s’apprête à devenir président de LR, le PS n’a pas de leader unique incontestable et incontesté. Il est vrai qu’au PS les rivalités et les divisions ne sont pas une nouveauté. Ce parti a pourtant réussi à survivre aux déchirements fratricides du congrès de Rennes de 1990 marqué par les oppositions de clans plus que d’orientation entre les héritiers présomptifs d’un François Mitterrand encore dans l’exercice de son second mandat. Il a continué à être dominant à gauche après un congrès de Reims de 2008 marqué par des accusations de fraude tous azimuts et la défaite d’une courte tête de Ségolène Royal face à Martine Aubry. En 1995, Lionel Jospin avait été battu par Jacques Chirac à la présidentielle, mais en 1997, à la faveur d’une dissolution manquée, il était devenu Premier ministre. En 2007, Ségolène Royal avait été battue à la présidentielle, en 2012, François Hollande, s’était d’abord imposé à la primaire socialiste avant de l’emporter à l’élection présidentielle. On peut tenir le même raisonnement à droite, avec le succès électoral de Jacques Chirac en 1995 malgré la «trahison» d’Édouard Balladur et Nicolas Sarkozy, et la réussite de Nicolas Sarkozy en 2012 malgré la haine de certains chiraquiens. On rappellera que la lutte Copé-Fillon pour la présidence de l’UMP en 2012 s’était même traduite, un temps, par la création d’un groupe filloniste «séparé» à l’Assemblée nationale. Les conflits n’avaient guère cessé depuis et l’on prévoyait pourtant une élection de maréchal à la présidentielle de 2017 pour Alain Juppé et, dans la foulée, une majorité UMP écrasante. Comme dit le Canard enchaîné, «la réalité dépasse l’affliction». En tout cas, la bipolarisation que la Ve République semblait imposer depuis la décision d’élire le président de la République au suffrage universel direct, en 1962, n’est plus. En marche, comme son inspirateur, se veut et de droite, et de gauche après avoir prôné le ni-ni. Topologique, cela la ramène (pour l’instant: simple hypothèse d’école) au centre. Allez! on va dire, au centre-droit, tout bien considéré.

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Frédéric Prigent
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