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Frédéric Prigent
7 décembre 2017

Une transparence de gestion dans une logique de défense du sport

Nul pays membre de l’Union européenne n’offre de solution satisfaisante à la situation instable dans laquelle est entré le sport roi, le football. Depuis deux décennies, l’inflation des droits de retransmission télévisée alimente la croissance exponentielle des masses salariales et des chiffres d’affaires des clubs de l’élite footballistique. Cette situation ne saurait durer. En effet, le marché économique privilégie la concurrence, qui élimine les plus faibles. Sur le marché du sport spectacle organisé en compétition ouverte, les plus faibles se relèvent après le baisser de rideau de la saison, et peuvent revenir la saison suivante. Le marché du sport spectacle pousse selon la même logique économique générale à l’élimination définitive des petits concurrents, d’où la tentation à la ligue à l’américaine, fermée sur des équipes fixes, à l’abri de toute relégation. Au sein d’une telle forme de confrontation sportive la régulation est plus facile, parce qu’une ligue fermée à l’américaine ressemble en tous points à un secteur industriel traditionnel, avec ses conventions, ses luttes sociales, ses impératifs de coûts de production. C’est pourtant à la régulation plus difficile d’une compétition ouverte, régie par le nombre de victoires et de défaites, que l’Etat doit s’atteler, et que le Conseil économique et social préconise. Si des mesures de maintien d’une organisation du sport à la française et à l’européenne ne sont pas prises, le haut niveau continuera à se scinder entre sports riches et médiatiques à l’américaine, et sports maintenant la tradition européenne. La scission par le marché est imminente Le krach financier guette le football européen, dont nombre de clubs sont endettés. Les difficultés que traverse la chaîne Canal +, la faillite de groupes de médias (KirchMedia en Allemagne, ITV en Angleterre, Tele Piu en Italie) laissent de très grosses créances impayées aux clubs et même à la Fédération mondiale du football, la FIFA. Les grandes nations de football ont traité très diversement leurs élites. L’Etat espagnol, à l’instar de l’Italie, aide ses grandes équipes à supporter le poids de leur déficit astronomique. L’Angleterre connaît une gestion économique ordinaire de ses grands clubs : elles sont depuis longtemps entrées en Bourse, et sont régies par les impératifs habituels de gestion des entreprises classiques. Dans notre pays, les cinq clubs les plus riches de première division génèrent la majeure partie du déficit général du football professionnel, lui aussi affecté par l’inflation générale. En France, un outil intéressant de gestion a été mis en place pour réguler les relations entre la fédération de football et la ligue nationale qu’elle a mandatée pour gérer le football de première et de deuxième divisions : la direction nationale du contrôle de gestion (DNCG). « Chargée d’assurer le contrôle de la gestion administrative, financière et juridique » des clubs affiliés. Cette DNCG toutefois semble avoir un pouvoir tout relatif, puisqu’elle n’a pas empêché le club le plus titré du football français de constituer une dette importante.

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